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1988 : Nevé Shalom, le village où Juifs et Arabes vivent en paix (Madelen, Fr))

vendredi 14 mai 2021

 

La nouvelle éruption du conflit israélo-palestinien se double d’un déchaînement de violence au sein de la population israélienne entre Arabes et Juifs. En 1988, alors que faisait rage la première Intifada (1987-1993), le magazine "Résistances" se rendait à Nevé Shalom, où Juifs et Arabes avaient choisi de vivre ensemble.

Depuis le 6 mai, les tensions en Israël se sont transformées en un nouveau conflit, les bombardements de Gaza par l’état hébreu répondant aux roquettes du Hamas lancées sur les villes israéliennes. Cette nouvelle et énième éruption du conflit israélo-palestinien se double d’un déchaînement de violence au sein de la population israélienne entre Arabes et Juifs, « un niveau de violence jamais atteint depuis des décennies » selon Le Monde reprenant une information de la police israélienne.

Les villes mixtes du pays sont au coeur de ces tensions intercommunautaires. Ainsi à Lod, près de Tel Aviv, un homme a ouvert le feu à l’arme semi-automatique, jeudi 13 mai au soir, sur un groupe de Juifs, blessant une personne. C’est dans cette même ville du centre d’Israël qu’un Arabe israélien, Moussa Hassouna, a été tué. Ses funérailles, mardi 12 mai, ont dégénéré, avec jets de coktails molotov et incendies de voitures.

Mercredi 13 mai au soir, à Bat Yam, une autre ville mixte, un Arabe israélien de 33 ans avait été molesté par des militants d’extrême-droite. Les images, retransmises en direct à la télévision israélienne, ont choqué le pays et fait le tour du monde.

Les Arabes israéliens, une minorité importante

Les Arabes israéliens sont citoyens de l’état hébreu depuis sa création en 1948. Constituant 20 % de sa population, ils font néanmoins toujours l’objet de discriminations de la part de la majorité juive. En 1988, alors que venait d’éclater la première Intifada (1987-1993), le magazine "Résistances" s’intéressait au village israélien de Nevé Shalom, une localité qui n’était pas reconnue par l’état hébreu et dont les financements provenaient d’une dizaine d’associations de soutien, américaines et européennes.

Situé entre Tel Aviv et Jérusalem, Nevé Shalom était composé de 16 familles juives et arabes qui avaient choisi la coexistence pacifique et le partage des deux cultures pour l’éducation de leurs enfants. Ces derniers travaillaient dans la même classe, apprenant à lire et à écrire dans les deux langues, et sachant dès leur plus jeune âge parler en hébreu comme en arabe.

Pour les parents, le défi de cette coexistence pacifique au jour le jour ne semblait pas aussi facile que pour leurs enfants, mais les habitants étaient fiers de montrer qu’elle était possible. Ainsi, Abed Abdel Salam Nadjar, secrétaire de Nevé Shalom, expliquait avoir privilégié l’ouverture : « J’ai choisi d’essayer de comprendre l’autre, de participer à la recherche d’une compréhension mutuelle, et c’est cette volonté qui nous a poussé ici à créer une petite communauté judéo-arabe. Je peux servir d’exemple et montrer qu’il est possible pour des Juifs et des Arabes de vivre ensemble, sans chercher à priver l’autre de ses droits. »

Concorde

Même lorsque les habitants juifs du village étaient appelés sous les armes pour servir l’état hébreu et que les citoyens arabes, eux, étaient renvoyés à leur condition de citoyens de seconde zone, la volonté de paix restait la plus forte, comme l’expliquait Eytan Kremer, trésorier de Neve Shalom : « Oui, j’envisage de refuser de servir en Cisjordanie, et donc de risquer la prison militaire [...] Pour le reste, mon identité d’Israélien veut que je fasse mes périodes militaires, même si mes amis arabes n’aiment pas cela. »

Cette communauté judéo-arabe de Nevé Shalom choisissait donc, au milieu du chaos et des haines charriées par la première Intifada, de célébrer envers et contre tous la concorde entre les deux communautés, et d’enseigner cette utopie aux jeunes générations : « Je crois que nous avons réussi à élever nos enfants dans notre esprit de coexistence. Nous lançons un appel à tous les Juifs et à tous les Palestiniens pour qu’ils nous imitent. Il n’y a pas d’autre issue au conflit. »

Cyrille Beyer


Voir en ligne : https://www.ina.fr/contenus-editori...

 

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