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Lettre d’Information No. 7
dimanche 20 juin 2004

1- Rencontre, fin mars au village, des délégués de 9 Associations d’Amis de NSWAS (AGM) : éclairages nouveaux
Les nouvelles familles
Pourquoi vient-on s’installer au Village ?
"C’est un très bel endroit"……….."NSWAS n’est plus une utopie, c’est devenu une réalité"
"Certains suivent leurs enfants qui sont à l’école"……."On a participé à des ateliers de l’Ecole Pour la Paix"……….."Je veux offrir à mes enfants une autre chance pour rencontrer ceux d’en face"……….
Quelques constats :
" Les jobs sont accaparés ; on ne laisse pas beaucoup de place aux nouveaux"
"Certains sont trop pris à l’extérieur pour s’investir dans la vie du Village"
Avec les nouveaux venus, apparaissent non seulement de nouveaux clivages (entre un noyau politisé et d’autres familles soucieuses avant tout du quotidien, entre le niveau des revenus de ceux qui travaillent à l’extérieur ou à NSWAS) mais aussi de nouveaux défis : Comment transformer des individus en membres actifs d’une communauté, en soutien du système éducatif ? Comment les impliquer dans la prise de décision collective et dans le processus de clarification des objectifs ? Comment faire émerger une nouvelle génération qui prendra la relève ?
La Junior High School
La première classe de collège (Junior High School) vient de démarrer à la rentrée dernière avec 16 enfants, avec une incertitude comparable à celle ressentie lors de l’ouverture de l’école primaire, il y a 20 ans avec une poignée d’enfants…
La première priorité est de consolider à la fois l’Ecole primaire et la Junior High School.
– Un dilemme se pose : ouvrir de nouvelles classes tout de suite ou dans 2 ou 3 ans, sachant que la Municipalité s’apprête à ouvrir une Junior High School concurrente et qu’il faut résoudre des problèmes de locaux, de ramassage scolaire et de financement.
– Un impératif : motiver les parents à poursuivre la scolarité de leurs enfants à NSWAS par une amélioration du bilinguisme dès le Jardin d’Enfants et par une élévation du niveau académique, car les parents veulent l’excellence.
Actuellement, des professeurs travaillent à écrire en Histoire-Géographie, Littérature et Civilisation, des programmes conformes aux instructions officielles, mais qui présentent aux enfants les visions différentes des 2 peuples dans une perspective critique.
On pense dès maintenant au Village à une Senior High School (lycée) car il apparaît crucial de garder ensemble les jeunes jusqu’à 18 ans ; ce qui suppose encore beaucoup de travail et de difficultés à surmonter.
L’aide humanitaire (HAP)
Ces actions sont menées depuis 2002 au profit de 3 villages palestiniens tout proches et aisément accessibles. Au début il s’est agi de secourir 2 petites filles qui ont eu besoin de soins médicaux d’urgence (brûlures graves) et actuellement, il est question d’une opération à cœur ouvert pour un petit garçon.
L’aide est apportée par quelques membres du village, bénévoles, juifs et palestiniens. Ils se heurtent à des difficultés croissantes, l’accès aux Territoires est de plus en plus compliqué (en particulier depuis la construction du mur). Maintenant l’objectif de l’équipe est surtout d’aider les villageois à s’aider eux-mêmes et de leur faciliter l’accès aux soins ; une fois à l’hôpital il n’y a pas de discrimination.
L’intervention de Juifs et Palestiniens, ensemble, est complémentaire : les Juifs pour obtenir les autorisations, établir des dossiers, conduire les malades à l’hôpital, et les Palestiniens pour entrer en contact avec les familles et les autorités locales. Leur présence conjointe est un témoignage de coexistence vécue, d’un engagement binational.
Ce travail est reconnu dans les Territoires par les populations et les médecins ; il arrive qu’il bénéficie de dons israëliens (pharmacies, hôpitaux, etc.) ; au village, il fait l’objet d’un consensus de tous. Mais il demande à être repensé : faut-il rester au statu quo ? Développer, structurer ? Impliquer plus le village ?
La mission de NSWAS ?
Plusieurs pionniers répondent :
« Notre mission ? Ce n’est pas pour nous un sujet de discussions idéologiques…
Avant tout, NSWAS est une réponse à ceux qui ne croient pas à la coexistence.
C’est un message fort : notre communauté a persisté et persiste, en dépit de ses difficultés internes ; le village est devenu un lieu de vie normal, avec des problèmes normaux, qui attire beaucoup de gens. »
« Notre mission tient en deux points : construire une communauté égale pour Juifs et Arabes, et faire fonctionner nos institutions éducatives »
« La communauté a institué son système éducatif pour diffuser l’Education à la Paix, mais c’est la communauté qui compte d’abord ! »
« L’égalité passe par le respect, la compréhension et le renforcement des identités. »
« La mission, c’est ce qui nous a amenés ici, elle se distingue de la vision qui est une représentation partagée du futur. Nous avons besoin d’en débattre ! »
2-L’interview du mois
Nous avons rencontré Evi Guggenheim Shbeta et Eyas Shbeta pour parler de leur séjour en Suisse depuis le 1/8/2001 (Fête nationale Suisse).
Question (Q) Comment a été prise la décision de ce séjour en Suisse ?
Evy ou Eyas (EoE)-Deux ans auparavant lors d’un tour en Suisse avec le Secrétaire Général du village, nous avons proposé aux amis de Suisse de passer 2 ans avec eux afin de développer l’information sur le village et si possible augmenter les soutiens financiers. Notre connaissance du terrain, nos contacts fréquents lors des Assemblées Générales et le fait d’être à travers notre couple à la fois délégués juif et palestinien rendaient le projet intéressant et cela a permis de décider d’une action sur 2 ans que nous avons prolongée d’un an.
(Q)-Cette mission en Suisse ne posait elle pas problème pour Eyas et pour les enfants ?
(EoE)-Eyas de par son mariage avec Evy est aussi citoyen Suisse…<< j’ai fait mon ALYA en Suisse !>>…
Pour les enfants c’était une expérience positive qui ouvrait leur horizon et à la veille du retour, prévu le 1/8/2004, la plus jeune qui s’est bien intégrée a du mal à quitter ses amis, les 2 autres sont plutôt contentes de rentrer.
Très vite, une fois arrivés, nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas là pour faire du tourisme, qu’il fallait se faire une place dans une société différente et qu’il fallait justifier notre séjour.
Dans le cadre de notre mission d’information, il nous est apparu qu’il était important de transmettre le message du village, et de développer les supports financiers pour les besoins des institutions éducatives qui grandissent au moment où le ministère de l’éducation d’Israël soutient moins les écoles. A un moment où l’intifada était très forte il nous paraissait fondamental de montrer qu’il existe autre chose en Israël et de transmettre de l’espoir à travers l’existence de Neve Shalom-Wahat as-Salam. Enfin nous avons senti que notre mission ne se cantonnait pas à la Suisse mais aussi aux autres pays européens dont l’Autriche proche de la Suisse.
(Q)-Comment vous êtes vous organisés ?
(EoE)-Au début c’était difficile et nous ressentions une grande pression avec un manque de repères pour estimer nos résultats… cependant comme nous étions au sommet de l’intifada, les médias nous ont entendus. Nous avons fait beaucoup d’entretiens à la radio, la télévision, avec les journaux, ce qui a permis de faire connaître le village en Suisse et en France.
En Suisse, en plus du travail de communication, nous avons beaucoup réfléchi sur l’organisation de la collecte de fonds : courriers aux fondations, contacts avec les églises qui lors des cultes du dimanche ont récolté de l’argent. Grâce à l’association des amis Suisses nous avions de nombreux contacts que nous avons développés et nous sommes devenus de véritables professionnels de la collecte de fonds. Cette activité va être reprise par une personne qui prolongera notre action.
En France, nous avons été beaucoup sollicités par l’association française des amis de NSWAS, et tout a commencé au Figaro où nous avons répondu à un article inexact sur NSWAS. Intervenir en France était « du sucre » pour nous…nous avions de bons contacts avec l’association qui nous établissait un programme que nous suivions le mieux possible, et ceci dans un très bon climat. Nous pensons que cette association bien organisée nous a permis, en nous dégageant des problèmes pratiques, de bien exprimer les messages du village. Nous avons couvert une partie de la France, il nous faudrait réfléchir désormais à « une conquête de toute la France » que nous avons commencée en Normandie ce mois de mai. De plus, le public français qui est très affectif et s’implique beaucoup sur le plan sentimental, nous a bien reçus…
Nous avons organisé en Suisse quelque chose d’excellent. Shai Schwartz, 50 ans , acteur, habitant le village, a écrit et mis en scène avec Ranin Boulos, jeune fille palestinienne qui a été élevée au village, une pièce de thêatre, Living, en anglais faite d’anecdotes juives et arabes vécues dans le village. Cette pièce a été jouée à Zurich, Bâle, Genève, Berne et Innsbruck…un beau succès et une autre façon de faire connaître le village.
(Q)-Votre meilleur souvenir ?
(EoE)-Chaque fois que nous avons eu des dons, importants et plus particulièrement lors d’un don très important de la fondation d’une banque qui nous a occupé plusieurs mois de négociation avec la banque et ….le village. Mais nous avons aussi été très touchés par de petits dons d’enfants et par de nombreuses lettres d’accompagnement et de soutien… bravo… merci… tout ceci a largement compensé quelques échecs qui se sont produits après une grande dépense d’énergie.
De plus, le livre (il s’agit du Mariage de la paix qui vient de sortir aux éditions Michel Lafont) est également un motif de satisfaction. Nous étions par principe contre un livre racontant notre histoire de couple mixte, mais après réflexion nous avons pensé que c’était une bonne occasion de transmettre l’histoire de nos 2 peuples, de montrer les débuts et l’évolution du village vus du dedans. En fait « nos destins sont des destins typiques des destins juifs et palestiniens ». Ce livre a suscité beaucoup de réactions positives. Il sortira en automne en allemand aux éditions de Heyne.
(Q)-Le mot de la fin ?
EoE-Nous avons été extrêmement touchés par l’accueil, l’aide, la chaleur des contacts de tous les volontaires qui en Europe soutiennent le village. Grâce à ses amis, il survit en développant ses activités… << nous disons bien : survit >>. Nous éprouvons beaucoup de reconnaissance envers vos actions et en ce moment nous avons besoin de plus de force… Votre contribution n’est pas seulement financière mais elle est un support moral, non mesurable, et elle nous conforte dans l’idée que les actions de notre village, soutenues par de nombreuses associations, sont utiles pour la paix.
3-Les activités de l’Association française des Amis de NS/WAS
Notre association est toujours très sollicitée pour présenter le village et ses activités. Nous poursuivons avec succès nos efforts en milieu scolaire. D’autres demandes proviennent de groupes religieux ou inter-religieux, groupes culturels, Lions-club, Maisons du Citoyen…
Certaines initiatives prises par des amis de province ont été particulièrement originales et réussies. Ainsi, à la Galerie Estève, à Lyon, Rosanna Bilotta et Didier Genetier donnaient le 24 mars leur spectacle musical, « Scènes de la vie en Terre Promise » au profit du village : un spectacle d’une heure, plein de tendresse et d’humour. Si vous souhaitez le présenter dans votre ville, contactez Rosanna au 04 74 60 10 03.
Autre succès, le 27 mai à Schiltigheim près de Strasbourg, Georges Tugène et « les Amis de Shalom Arshav » ont organisé une soirée artistique et musicale judéo-arabe au profit du village. Comme dit Georges Tugène, « les spectateurs, qui n’étaient en majorité ni juifs ni arabes, ont été touchés de voir des artistes juifs et arabes sur la même scène. Il est apparu que tout le monde était sensible à l’espoir que représente l’existence de ce village ainsi que la rencontre de ces artistes dans un même spectacle ». Le détail du programme se trouvera sur le site internet du village, en français.
Evoquons maintenant diverses manifestations organisées en FRANCE : en février, Pierre Weyl était à Le Broc (63) ; en mars, nos amis de Mémoire 2000 nous interrogeaient sur le village ; en mai, Evi et Eyas à l’initiative de Lucien Lopez parlaient du village à Granville avec l’ « Association des Chrétiens pour l’Information » ; de même à St Lo et à Evreux avec le Secours Catholique, plus de 300 personnes étaient présentes ; toujours en mai, le Lions-club de Montdidier (Somme) avait organisé une réunion, une quarantaine de personnes s’étaient déplacées ; à Villeurbanne (69) Agnès Romain avait organisé deux réunions-débats, l’une à la demande du directeur avec les 60 professeurs du Collège Catholique des Charpennes, l’autre à la Maison du citoyen. Notons que parmi les enseignants certains n’étaient pas favorables à des présentations du Village aux élèves, par crainte d’importer en France le conflit israélo-palestinien… Début juin, à la Maison du Citoyen de Fontenay-sous-Bois (94), l’association « Résister, insister, persister » animée par T. Hammoun organisait un débat sur le thème : « Réunir Israël-Palestine, une paix possible » Notons une excellente initiative : chaque spectateur recevait un document avec les dates repères sur l’histoire d’Israël et des pays voisins.
Quelquefois les organisateurs espéraient plus de participants : sujet trop sensible ? crainte d’une trop forte politisation des débats ? Il est parfois difficile de maintenir le débat sur le Village, ses activités, son message avec des participants qui souhaitent « discuter » de la politique israélienne.
Concernant les rencontres débat avec les élèves de 15/ 18 ans : après Paray le Monial (71), le lycée Le Rebours et l’Ecole des Francs-Bourgeois à Paris, nous sommes allés le 13 mai au Lycée Suger à Saint-Denis (93). En mai également Evi et Eyas ont parlé à St Lo devant 480 élèves ! En général les jeunes portent une attention soutenue aux informations et ils manifestent au cours des discussions une grande ouverture d’esprit et un grand intérêt pour le village, voire beaucoup d’étonnement. Certains expriment des points de vue pro-palestiniens mais les débats se font en respectant les points de vue des uns et des autres.
Ces actions auprès des jeunes, même si elles ne rapportent pas ou peu de dons à l’Association, nous paraissent fondamentales. Pour les poursuivre et pour développer nos autres activités nous avons besoin des amis de NSWAS. Ne pensez pas qu’il est nécessaire d’être allé au Village pour organiser des conférences : l’expérience montre que la documentation, des contacts complémentaires, suffisent amplement.
Parmi les évènements à venir, un colloque aura lieu à Menton (06) les 10 et 11 juillet sur le thème : « Faire la guerre à la haine, le rôle de l’éducation », sous la présidence du Professeur Axel Kahn et de Monsieur le Recteur de la Mosquée de Marseille. Evi et Eyas participeront aux débats.
Contact : Dr D. Bensoussan,
Tel : 04 93 28 59 16
E mail : dbensoussan -chez- wanadoo.fr