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Lettre d’Information N°1

jeudi 15 novembre 2001

 

Grâce à nos amis allemands qui tenaient à Bendorf près de Coblence leur Assemblée Générale annuelle, les représentants de neuf sur les dix Associations d’Amis de NSWAS (Europe et Etats Unis) se sont réunis à la suite de cette Assemblée les 4 et 5 octobre autour d’Anwar Daoud, Secrétaire du Village réélu en juin dernier, et d’Evi Guggenheim.

Nous avons à notre tour tenu notre Assemblée Générale le 17 octobre, en présence d’Anne Le Meignen.

Les différentes Associations, dont les responsables se connaissent bien maintenant, avaient déjà constitué entre elles un Comité Consultatif. Poursuivant leur effort de concertation et renforcement de leur rôle auprès de NSWAS, elles ont désigné deux coordinateurs, un américain et un hollandais. Elles ont également décidé de se communiquer les informations et les demandes reçues du Village, d’adopter des critères communs de prise en charge des projets annoncés et de coordonner leurs opérations de financement.

La prochaine réunion des Associations devrait se tenir en France en 2002.

Au cours de celle qui vient d’avoir lieu, Anwar Daoud a longuement présenté la situation en Israël et au Village. La Communauté y témoigne de son courage et de sa vitalité, mais des menaces pèsent sur son avenir. C’est ce que nous allons développer, en y intégrant des compléments d’information donnés par Anne Le Meignen.

LA VIE A NSWAS

La situation en Israël est très tendue. Il en résulte une réactivité importante des habitants du Village et des tensions plus fortes qu’auparavant (il y en a toujours eu) entre les Juifs et les Palestiniens dans la vie quotidienne.

Aucune famille, cependant, n’a quitté le Village. Celui-ci en comptera 50 à la fin de l’année, contre 40 il y a un an, et les candidatures sont toujours pléthoriques. L’ECOLE Primaire et l’Ecole pour la Paix poursuivent leurs activités, témoignant que la vocation de NSWAS est toujours l’apprentissage de la paix à travers l’éducation. Dans le contexte actuel, ce témoignage a valeur d’engagement politique. Beaucoup de membres du Village participent d’ailleurs, aux côtés d’autres mouvements pour la paix, à des manifestations ou actions non violentes, ensemble ou à titre individuel.

L’HÔTELLERIE est dans une situation très difficile, par suite d’une part de l’effondrement du tourisme en Israël, d’autre part de l’obligation que lui a faite récemment le Ministère du Tourisme de réaliser des travaux importants et onéreux de mise à nouvelles normes sanitaires et de sécurité.

D’autres travaux coûteux s’imposent en vue de la réfection du système de traitement des eaux usées, vieilli et insuffisant au stade actuel de développement du Village.

Le projet de construction du Centre Spirituel Bruno Hussar semble en bonne voie ;le permis de construire vient enfin d’être accordé. Nous vous en parlerons dans notre prochaine Lettre.

L’ECOLE PRIMAIRE

(Synthèse du Rapport de Rentrée 2001/02)

Faisant suite à un camp d’été qui a réuni 100 enfants juifs et arabes, la rentrée s’est déroulée dans une ambiance à la fois réconfortante et angoissante.

Réconfortante car les élèves sont revenus heureux de retrouver leur cadre de vie, et plus nombreux que l’an dernier : 270, dont 90% en provenance de l’extérieur du Village (contre 250 en 2000, et 70 en 1996) ; ce qui atteste l’attachement des parents aux valeurs de paix et de dialogue enseignées et vécues à NSWAS.

Angoissante car des difficultés de toutes sortes se sont accumulées :

Les familles sont anxieuses en raison des risques d’insécurité que peuvent encourir les élèves.

Elles divergent dans leurs attentes : les familles arabes privilégient un haut niveau garant de la réussite future de leurs enfants, et les familles juives sont sensibles surtout à l’ouverture d’esprit apportée aux leurs, ouverture souvent absente dans les autres établissements.

De vifs débats ont lieu dans la communauté sur l’inégalité des deux langues au Village. Tout le monde y parle hébreu, langue dominante ; peu d’enfants juifs parlent correctement l’Arabe, moins encore leurs parents. A l’Ecole, le partage des heures de cours à égalité entre hébreu et arabe ne permet à l’enseignement en arabe ni de faire progresser les élèves juifs, ni de faire atteindre aux élèves arabes la parfaite maîtrise de leur propre langue dont ils ont besoin pour passer plus tard en high school arabe.

Les autorités de l’Etat ont changé d’attitude envers NSWAS. Soutenue par le ministre de l’Education Nationale du gouvernement Barak qui l’avait promue « Ecole Officielle d’Etat » il y a un an en lui accordant les financements correspondants, l’Ecole se heurte maintenant à des positions systématiquement restrictives, notamment :

 refus de reconduire les formations d’enseignants requises par le nouveau statut ;
 refus, sous divers prétextes réglementaires, de verser plus de 60% des salaires pris en charge au lieu des 100% normalement dûs ;
 refus de couvrir désormais le coût du ramassage scolaire (près de 1 500 000F, soit l’équivalent de la rémunération globale des professeurs) ;
 refus des Conseils Régionaux de donner formellement l’autorisation requise maintenant pour l’inscription des enfants de l’extérieur à l’Ecole, laquelle dès lors se trouve en infraction ;
 refus de retour au précédent statut d’« Ecole Expérimentale », moins onéreux pour le Village ;
 refus de délivrer la subvention normalement due pour la construction d’un nouveau bâtiment et la rénovation de l’existant.

La Direction de l’Ecole a redoublé d’efforts pour faire face aux lourds challenges du moment :

Elle a renforcé le corps éducatif (6 nouveaux enseignants) et lancé des actions de formation en vue d’un relèvement du niveau général, et particulièrement de l’enseignement en arabe.

Dans l’emploi du temps quotidien a été aménagé un large espace de travail en « homeroom » où le professeur, appelé à veiller au bon équilibre des enfants, les incite à s’exprimer et discuter de ce qui se passe à l’Ecole, au dehors et dans le monde, dans la perspective des valeurs vécues à NSWAS.

Les parents sont appelés à s’impliquer plus étroitement et à entrer en dialogue sur tous sujets avec enseignants et équipe de direction ; un nouveau comité de parents a été constitué.

Le rapport sur l’Ecole Primaire se conclut ainsi :

« Alors que se durcit la crise des relations juifs/arabes en Israël, notre capacité à continuer notre travail a en soi valeur de réussite. C’est une source d’optimisme et une grande récompense pour nous de voir les élèves toujours aussi heureux de revenir en classe jour après jour.

Ensemble, ces enfants construisent un cadre de relations binationales et d’étude en commun assurément unique au monde, et dont l’influence s’étend aux familles et à leur environnement. Les parents eux-mêmes se trouvent engagés dans un processus de réévaluation permanente des relations juifs/arabes et gagnent en compréhension de celles-ci.

Aujourd’hui la capacité de survie de ce cadre dépend de plus en plus du soutien des parents qui nous confient leurs enfants, de la ténacité de nos enseignants et de la détermination de nos amis de l’extérieur à nous procurer l’appui financier indispensable ».

L’ECOLE POUR LA PAIX

(Synthèse du Rapport Automne 2001)

L’été dernier a pu se tenir une rencontre de trois jours entre étudiants, 10 juifs et 14 palestiniens des Territoires Autonomes. Ces derniers, très motivés, ont pris le risque d’entrer en Israël sans permis (impossibles à obtenir) par des chemins détournés, au besoin à pied. L’atelier a été très positif, de même qu’une autre rencontre entre deux groupes de jeunes femmes juives et arabes, ces dernières venues deux fois plus nombreuses que les premières.

Enfin a eu lieu une session de quatre jours pour enseignants juifs. Les professeurs, en effet, sont désemparés, démunis de réponses à proposer aux jeunes et d’outils pour aborder la discussion. Le groupe a été amené sur les sites des villages arabes détruits en 1948 près de Latroun, afin de confronter ses membres à un chapitre occulté de l’histoire d’Israël.

Pour l’année qui vient, le programme des rencontres de jeunes a été réduit à une dizaine, en dépit d’une demande assez forte l’an dernier.

En revanche, la coopération avec les Universités, à la requête de celles-ci, prend une ampleur considérable. Elle concernait précédemment les trois universités de Haïfa, Jérusalem (pour étudiants de 3ème cycle) et Tel Aviv (2ème cycle). Viennent de s’y ajouter :

 à l’université du Negev un cours pour femmes analogue à celui de Tel Aviv, qui entre dans sa 5ème année (département Travail Social),
 et à Tel Aviv un vaste projet de formation permanente pour travailleurs sociaux, personnels médicaux et autres travaillant à Jaffa dans un milieu urbain très mélangé. Ce projet ouvre à l’Ecole pour la Paix un champ d’action nouveau, en termes à la fois de contenu éducatif, d’outils à élaborer, et de public ciblé.

En dépit des difficultés matérielles, l’Ecole pour la Paix attache une grande importance au maintien de ses relations bilatérales avec les organisations non gouvernementales palestiniennes. Du côté de celles-ci également, à l’heure où le dialogue officiel est quasiment inexistant, ou souhaite favoriser des relations au niveau des professions, entre enseignants notamment, afin de toucher par ce biais l’opinion publique israélienne.

Un financement américain consenti de pair à NSWAS et au PPM (Palestinian Peace Movement) devrait permettre de conduire des projets communs dans deux domaines : la préparation d’une anthologie de littérature palestinienne et israélienne pour high schools, et la formation des femmes en vue d’actions communes ou séparées dans les deux communautés. Dans ce cadre, les responsables palestiniens de l’Ecole pour la Paix et du PPM ont eu récemment un week-end de travail commun en Jordanie.

APPEL EXCEPTIONNEL

Comme vous pouvez le percevoir à travers ce qui précède, le Village est touché de plein fouet par la politique du Gouvernement actuel qui a réduit brutalement sa participation aux coûts de fonctionnement de l’Ecole.

NSWAS doit prendre en charge notamment cette année scolaire 2001/02 :

le financement complémentaire des salaires des enseignants 600 000 F

la totalité des frais de ramassage scolaire 1 500 000 F

2 100 000 F

Les dix Associations d’Amis de NSWAS ont décidé de se mobiliser pour aider le Village en cette période difficile.

Pour notre part, en sus de notre contribution habituelle aux dépenses de fonctionnement de ce dernier, de l’ordre de 300 000 F par an, nous souhaitons pouvoir assumer dans ce supplément de dépenses exceptionnel une part de 200 000 F.

Merci de votre aide et de votre générosité.

 

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