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Voix croisées de notre pays
lundi 12 janvier 2009, par

Chers Amis et Amies,
Avant-hier à 5h45 notre téléphone a sonné, m’arrachant au sommeil. Jai couru décrocher. Dans l’intervalle de quelques secondes mille pensées d’horreur se bousculent dans ma tête. Mon neveu ! (il est au service militaire). Qui appelle à cette heure, si ce n’est pour annoncer une mauvaise nouvelle ? 054.... : Je vois affiché l’indicatif du numéro de portable de mon frère. J’ose à peine dire "bonjour" . Mais : quel soulagement ! c’était une erreur de numéro ! Dieu merci ! Plus question de dormir. Après m’être calmée un peu je sens la colère monter : Pourquoi faut-il que je me trouve dans cette situation à m’inquiéter pour mon neveu ? Moi qui suis tellement opposée à toute espèce de violence !
Je pense à son père, mon frère, pacifiste actif : Depuis des années il va soigner les Palestiniens dans la Westbank, avec les Médecins pour les Droits de l’Homme. Pendant la dernière Intifada, tandis que depuis Beit Jallah on tirait sur Gilo, dans la partie juive de Jérusalem, lui allait soigner les Palestiniens dans ce même village d’où partaient les tirs. Et malgré cela, mon neveu a choisi de faire son service dans l’armée israélienne et même de devenir officier, car tant qu’à faire, il faut faire le mieux possible... Et mon frère, fidèle à ses convictions humanistes, respecte le choix de son fils, qui a en même temps grandi dans les récits de son père que dans ceux de sa mère. Ses parents à elle sont issus de la génération d’avant 1948, qui vivait en bon voisinage avec les Arabes, mais qui s’est retournée contre eux au moment de la création de l’Etat juif. "Puisque nous sommes les seuls à pouvoir défendre notre cause. La Shoah l’a bien prouvé...."
Et puis avant-hier les terribles nouvelles de Gaza : le bombardement de l’école de l’UNWRA et la mort de tant d’enfants innocents. La colère et l’impuissance m’envahissent de nouveau. Et le commentaire cynique du speaker de la radio israélienne, selon lequel des roquettes seraient parties de cette école. Nous regardons les nouvelles des deux chaînes, l’israélienne et Al Jezzeera. Le parti pris unilatéral de l’une comme de l’autre est flagrant, terrifiant. Chacun se sert de l’écran pour recruter les opinions pour la guerre.
L’école de mes filles est fermée depuis plus de dix jours, car elle se situe dans la zone des roquettes. Leurs copines sont toujours stationnées chez nous pour échapper aux alertes quotidiennes. Elles ont peur de rentrer chez elles.
Nous participons aux manifs contre la guerre. Nous projetons de publier en commun une annonce commune contre la guerre. Quand comprendra-t-on enfin que jamais la violence n’a résolu aucun problème ? Que la violence ne fait que provoquer la violence ?
Pendant les ateliers de rencontre de notre Ecole pour la Paix, nous avons toujours pu constater que la disponibilité au dialogue authentique naît souvent d’une situation apparemment sans issue. Sommes-nous peut-être maintenant bloqués dans une pareille impasse et allons-nous enfin, pour en sortir, nous tourner vers un autre modèle, un modèle de dialogue, au lieu du "dialogue" de la violence ? Nous savons que c’est possible, puisqu’ici, à NSWAS, nous le vivons au quotidien, et même dans ces temps de crise extrême. Nous discutons, et oui, il nous arrive de crier aussi notre désaccord, mais nous retrouvons toujours la voix du dialogue pacifique pour résoudre nos conflits.
Ce qui est particulièrement absurde, c’est de voir ces milliards s’engouffrer dans cette guerre insensée, alors que nous-mêmes savons à peine comment nous pourrons nous en tirer dans un proche avenir, vu que la crise économique mondiale a massivement réduit les dons dont dépend notre oeuvre pour la paix.
De pouvoir vous écrire me fait du bien. C’est bon de communiquer. Merci !
Shalom, Salam de Neve Shalom/Wahat al Salam, de notre oasis de paix,
Evi
PS - P.S. Merci pour toutes les reactions de support moral a mon dernier message.